Mené en cycle 3, ce projet filé à l’année s’inscrit dans le défi-lecture CM2-6ème qui permet aux élèves de partager des lectures offertes avant de se rencontrer pour jouer à des jeux qu’ils ont construit pendant l’année sur une sélection commune de livres lus. Le projet se déroule en distanciel sur l’année via une correspondance numérique sur un mur collaboratif et une plateforme de podcast de lectures à voix haute alimentée par les élèves de CM2 et de 6ème.

Une ressource proposée par Laïla Methnani, professeure de Lettres et IAN Lettres, Thierry Fauquembergue, professeure des écoles et Edith Pommaret, professeure documentaliste au collège Jean Lachenal (Faverges, 74), dans le cadre des Heures numériques 2021-2022

Compétences travaillées

Comprendre et s'exprimer à l'oral

  • Écouter pour comprendre un texte lu.
  • Adopter une attitude critique par rapport aux lectures réalisées.

Lire avec fluidité

  • Lire avec fluidité.
  • Comprendre un texte littéraire et se l’approprier, contrôler sa compréhension et devenir un lecteur autonome.

Ecrire

  • Recourir à l'écriture pour réfléchir et pour apprendre.
  • Prendre en compte les normes de l’écrit pour formuler, transcrire et réviser.

Compétences du CRCN

  • D2 - Communication et collaboration : interagir ; partager et publier ; collaborer ; s'insérer dans le monde numérique.
  • D3 - Création de contenus : développer des documents textuels ; développer des documents multimédias.

Outils et modalités de travail

  • Le projet fait correspondre une classe de 6e (29 élèves) et une classe de CM1-CM2.
  • Travail en binôme qui change selon les titres lus.

Projet filé à l'année, qui s'incrit dans le défi-lecture CM2-6e.

Salle de classe, CDI, salle informatique.

Déroulement en distanciel sur l'année via une correspondance sur un mur collaboratif et une plateforme de podcast de lectures à voix haute alimentée par les élèves de CM2 et de 6e.

  • Tablette, ordinateur, casque-micro

Démarche pédagogique

Séance introductive du projet : Lire à voix haute - Tout un programme ! (1h)

Mais qu’est-ce qu’une lecture expressive ? Comment savoir si elle est réussie ? Au CDI, les professeures commencent par un recueil des représentation des élèves qui met en évidence l’importance du « ton » et des « expressions » tout en posant la question des enseignements des objet de l’oral. Les élèves les nomment peu ou pas. En 6ème, l’entrée par la lecture à voix haute conduit à travailler sur le volet linguistique des compétences de l’oral et plus particulièrement sur la prosodie (volume, débit, intonation, place du silence).

Des exemples à écouter et à discuter à l'aide d'une grille d'écoute (voir annexe 1) sont ensuite proposés aux élèves : « ces exemples peuvent-ils être des modèles à suivre ?

Pourquoi ? » Le visionnage de la vidéo solo de la lecture de « Lullaby » de J.M.G Le Clézio et l’écoute de la lecture polyphonique « Les 3 petits cochons » proposée par Yann Houry par ses élèves de 6ème s’effectuent au CDI. La séance permet de proposer des modèles de référence différents mais opérants aux élèves de 6ème. Les objets d’enseignement de la prosodie sont nommés et identifiés par les élèves qui prennent appui sur le support proposé (Annexe1).

Les modalités du projet sont explicitées aux élèves : partager des lectures offertes avec l’autre classe et être capable d’écouter et de co-évaluer les podcast de l’autre classe pour aider les élèves à progresser d’une lecture à l’autre.

Atelier 1 : Qu'est-ce que la voix ? (1h)

La classe est partagée en demi-groupe : un groupe se rend au CDI avec le professeur documentaliste, l’autre va en salle informatique avec le professeur de français. La méthodologie de ces ateliers formatifs sur la voix suit les propositions des chercheurs Lizanne Lafontaine et Christian Dumais, auteurs du livre

« Enseigner l’oral, c’est possible ! » en ajoutant le questionnement sur les usages du numérique pour conduire ces ateliers formatifs.

Lors de ce premier atelier, les élèves s’interrogent sur le fonctionnement de la voix à partir d’ éléments déclencheurs puis ils dressent un état de leurs connaissances avant de bénéficier d’ un enseignement. Le numérique intervient ici en tant que ressources audio et vidéo. Il devient un outil d’apprentissage quand les élèves enregistrent leurs voix sur un extrait du Royaume de Kensuké de Morpurgo. Ils utilisent l’application Garage Band sur IPAD ou Audacity sur ordinateur (le dictaphone de l’ipad peut aussi suffire.) (voir annexe 2 et 2bis). Le numérique permet aux élèves d’observer l’enveloppe temporelle de la voix. Les élèves, en binôme, s’écoutent puis complètent la grille d’observables (voir Annexe 2Ter).

1er enregistrement : mise en pratique au CDI (1h, encadrée par deux professeurs et une AVS pour 29 élèves)

Pour introduire cette séance, le professeur documentaliste propose de faire un échauffement vocal qui mêle ancrage dans le sol, réveil de l’appareil phonatoire et vire-langue. Puis, en binôme, les élèves procèdent à l’enregistrement avec le dictaphone de l’IPad d’un passage choisi du livre lu pour le défi-lecture . Ils peuvent essayer plusieurs fois jusqu’à l’obtention d’une version satisfaisante qu’ils adressent à leur professeur de français via Air Drop.

Ensuite, ils complètent une grille d’auto-positionnement et de co-évaluation pour garder la mémoire de leur progression au fil du projet.

Le professeur, à l’issue de la séance, déposent les podcast des élèves surlemur collaboratif delaDigitaledu projet .

Comment échanger avec l'autre classe ?

Les professeurs apprennent aux élèves à utiliser et à communiquer sur le mur collaboratif . L’écriture du message pour présenter la lecture de chaque binôme respecte des normes et usages qui s’enseignent comme l’écoute ou l’évaluation d’une lecture à voix haute (annexe 3)Les élèves sont sensibilisés aux pratiques de co-évaluation que Christian Dumais nomme« rétro-action sandwich».

Ils se forment aux compétences 2.2 , 2.3 et 2.4 du CRCN.

Après cette première série de lectures à voix, deux points saillants se font jour : la nécessité de travailler sur le volume et celle de questionner l’importance et la place du silence dans les lectures expressives.

Atelier sur le volume

Le numérique peut être envisagé comme support (Exemple sur le site des Lettres de l’atelier formatif sur le volume) plus que comme outil : en effet, le volume peut-être modifier avec un casque audio, un micro sans que cette compétence ne progresse pour l’élève. Aussi dans la classe de 6ème, les professeurs ont choisi de jouer sur la distance physique entre le lecteur et l’auditoire. L’élève qui lit choisit la plus grande distance qu’il pense pouvoir laisser avec l’auditoire : sa lecture devra être audible de l’ensemble de la classe.

Atelier 2 : Place du silence dans la lecture à voix haute (1h)

Les élèves sont familiers de l’atelier formatif : en demi-groupe, ils se voient proposer un élément déclencheur, une lecture du Petit Princede Saint Exupéry, puis ils dressent l’état de leurs connaissances sur la place et l’importance du silence dans la lecture offerte. Il synthétisent un enseignement co-construit avec le professeur avant de passer à la mise en situation. On leur demande sur Audacity d’enregistrer un extrait de Céleste ma planètede Thimothée de Fombelle en respectant des temps de silences qui varient en fonction du signe de ponctuation et des effets que l’on veut faire passer dans la lecture.

Les échanges de podcast et les ateliers sur la prosodie avec le numérique se poursuivront jusqu’en juin, période de la rencontre physique entre les classes pour le défi lecture.

Productions des élèves

Le mur d'échanges entre les deux classes

La plateforme de partage de lectures offertes

Bilan de l'expérimentation

Si le projet a pu avancer correctement, les freins ont toutefois été nombreux : difficultés de connexion sur les Ipad du collège, difficulté de mise en place des identifiants élèves, problème de mise à jour des tablettes et du logiciel Audacity sur les ordinateurs. Des casques micros neufs qu’Audacity ne reconnaît pas sauf à demander quelques manipulations contraignantes aux élèves. Il a été aussi important de travailler, le plus souvent possible, en demi groupe car la classe de 6ème 3 compte 29 élèves. L’essentiel de l’expérimentation s’est déroulée de décembre à mars, dans un contexte de crise sanitaire, ce qui a eu pour conséquente de nombreuses absences d’élèves.

Comme explicité, ces freins sont indépendants de la nature ou des contenus du projet. Le numérique permet ici d’être à la fois ressources et outils : des effets comme « Tempo » dans Audacity permettent de varier le débit de la voix. Les élèves prennent conscience de la représentation visuelle de la voix. Les essais peuvent se multiplier : l’apprentissage avec le numérique se construit sur l’observation, l’écoute et le tâtonnement. L’élève passe d’impressions (les représentations initiales) sur la lecture à voix haute à des observables (objets d’enseignements de l’oral) qu’il peut nommer et qui lui sont enseignées.

La motivation se trouve renforcée par la mise en place d’une forme de correspondance numérique entre les deux classes. Les échanges sur une évaluation partagée permettent aux enseignants d’identifier les besoins des élèves avec une finesse accrue. Nos petits lecteurs, qui ont suivi, en parallèle un atelier « Fluence » ont gagné en confiance et peuvent transférer les activités de fluence et de compréhension au projet « des mots dans la voix ».

Annexes