Des recommandations qui s'adaptent à votre disponibilité de lecture : en 30 secondes, en 3 minutes, en 30 minutes. Ce document établi alors que les lycéens étaient en enseignement hybride peut apporter à l'enseignant des outils pour enseigner la lecture linéaire en toutes circonstances.

Une ressource proposée par l'inspection de Lettres

En 30 secondes

Lire c’est être, autant que faire se peut, un “sujet lecteur” c’est-à-dire un individu qui va s’impliquer subjectivement, émotionnellement et intellectuellement.

L’intérêt est d’être un lecteur actif qui va tisser des liens, en fonction des thématiques, avec d’autres disciplines, textes, réalités quotidiennes...et qui va essayer de rendre plus concrets les personnages, leurs réactions, le contexte...

En 3 minutes

Il est important de préserver l’approche qui est la vôtrepour éviter de déstabiliser les élèves et de vous mettre en difficulté. Bien évidemment, il faudra l’adapter sans vouloir la reproduire à l’identique pour éviter lourdeur et complications organisationnelles.

La pratique de la lecture linéaire doit rester régulière pour éviter aux élèves de perdre les réflexes acquis jusqu’alors, mais en veillant à sauvegarder un investissement raisonnable.

Conduire une lecture linéaire, c’est s'assurer que l’élève comprenne le sens littéral du texte, qu’il puisse donner ses impressions, ressentis avant de se lancer dans une analyse du texte confortée par ses connaissances (historiques, culturelles, stylistiques…).

Le professeur pose des questions ouvertes du type “de quoi s’agit-il ? Qu'est-ce que cela suscite chez vous comme émotions et remarques ? Pas de questions multiples qui fournissent au final déjà des réponses et décortiquent le texte (le sens global et l’émotion se perdent).

Prendre le temps : dans le contexte de l’enseignement distanciel, il est important que le rythme adopté soit plus lent. Le professeur sera amené à fractionner le temps consacré à l’étude linéaire : alternance entre des moments de recherche individuelle, de visio en groupe, d’envoi d’écrits de travail… Ainsi les élèves pourront sans précipitation élaborer leurs propres hypothèses et interprétations, construire leur savoir, faire des retours à l’enseignant, réfléchir à leur stratégie d’apprentissage. L’objectif est qu’ils demeurent acteurs de leur apprentissage ; la plupart des élèves seraient ainsi en difficulté avec des corrigés de lecture linéaire envoyés d’emblée in extenso qu’ils ne sauraient s’approprier.

Dans la perspective d’un planning donné aux élèves pour mener à bien la séquence en cours, on peut fournir à titre indicatif le temps à consacrer à tel ou tel exercice demandé lors de l’étude linéaire (valable pour toute activité).

Les exercices peuvent être envisagés de manière progressive et variée (en évitant la dispersion) pour permettre à l’élève de réfléchir, de reconsidérer sa position, de communiquer éventuellement avec ses camarades. Les temps de réflexion personnelle, d’échange, de retour sur propositions, de prises de notes et de rédaction dans une optique d’écrits de travail, d’oral sont autant de possibilités offertes.

Pour les élèves en difficultés ou EBEP, le professeur peut proposer des étayages qui vont de l’accommodement du texte (toilettage du texte, police de caractère) à un ajustement conceptuel (allègement de

certaines tâches, apport de notions...). Ajuster le temps consacré aux tâches sans le rallonger.

Pour les élèves qui n’ont pas accès aux outils numériques pour diverses raisons, envisager ces modalités avec une version papier et en privilégiant l’autonomie.

En 30 minutes : Exemple de scénario pour conduire une lecture linéaire

En amont de l'étude : travail en autonomie

L’élève lit le texte (introduit par un petit chapeau). Ce dernier, en fonction des obstacles que le professeur a pu imaginer en matière de lexique, va comporter deux types d’annotations. Le professeur peut utiliser “glose” qui permet ce travail de paratexte.

  • Premier type d’annotations : pour expliquer certains termes, expressions ou situations, le professeur aura choisi en quelques lignes de faire référence à un contexte culturel, historique...
  • Deuxième type d’annotations : après avoir pris connaissance de la première annotation, l’élève a recours à une définition lexicale qui devrait enrichir, préciser sa compréhension.

L’élève écrit en quelques lignes ce qu’il a compris du texte (de quoi s’agit-il ?), donne son ressenti, fait des remarques (liens qu’il tisse, quelles images cela suscite...).

L''élève prend connaissance de l’introduction de l’étude linéaire fournie par le professeur. Deux cas de figure se présentent :

  • Le texte appartient à une œuvre intégrale et son entrée a été abordée au préalable, l’introduction n’est alors qu’une formalité.
  • Le texte appartient au parcours (celui-ci a été abordé au préalable par le lien qu’il entretient avec l’œuvre) mais l’auteur n’est pas connu. Il est nécessaire alors de donner à lire, dans le manuel de préférence, quelques extraits courts mais bien choisis de la biographie de l’auteur et de présentation de l’œuvre (d’où est extrait le texte) pour une meilleure appréhension du contexte.

Au vu de ces données contextuelles, l’élève affine sa première approche. L’histoire littéraire peut lui fournir un nouvel éclairage.

L’élève délimite et définit le mouvement du texte par écrit ou “bulles sonores” via l’ENT. Pour les élèves plus fragiles, le professeur peut proposer un texte surligné en différentes couleurs selon les mouvements. Pour éviter une surcharge, le professeur n’évalue que quelques élèves (de manière formative !), sachant que tout le monde devra rendre son travail à un moment donné.

L’étude linéaire dans une interaction professeur-élèves : une classe virtuelle d’1 heure.

  • Utilisation d'un pad sur l'ENT si connexion possible.
  • Former des petits groupes d'élèves (la classe entière sera concernée ou seulement des élèves plus fragiles).

Le professeur donne à voir le mouvement du texte, en délimitant visuellement les différentes parties du texte par un espace ou une couleur et fournit quelques lignes d’explicitation pour chacune d’entre elles.

Pendant 20 minutes, chaque élève surligne au minimum un procédé dans chaque mouvement et l’interprète en utilisant le tchat. (Plusieurs élèves peuvent compléter la proposition initiale du premier). Il s’agit de ne pas perdre de vue la notion de continuité, de progression des éléments du texte qu’on aura étudiés. L’étude reste linéaire.

10 minutes de relecture de l’ensemble des propositions. Dans ce laps de temps, les élèves émettent des commentaires qui peuvent infirmer ou compléter les propositions de leurs camarades, en particulier sur des procédés qu’ils n’ont pas eux-mêmes travaillés. Le professeur valide ou refuse les propositions rapidement avec un code simple.

5 minutes de retour par le professeur sur l’ensemble des données. Il peut demander à certains élèves de travailler sur une reprise de 2 procédés pour en faire une synthèse et à d’autres d’explorer 2 procédés non encore travaillés. (Possibilité de donner un ou deux mots clés pour faciliter le travail d’interprétation des élèves plus fragiles).

10 minutes de travail sur lesdits éléments : écriture collaborative.

10 minutes restantes : le professeur valide ou pas les données.

Le professeur fournira après coup un corrigé qui pourra intégrer les propositions des élèves.

En aval de l'étude

Le professeur aura pu apprécier l’implication des uns et des autres et la pertinence des réponses apportées.

L’élève se crée un portfolio dans lequel il transcrit après chaque lecture linéaire :

  • Comment il analyse la distance qu’il y a entre ce qu’il propose et ce qui est donné en corrigé avec des formules du type « J’ai su/ J’ai pu /Je n’ai pas pu… »
  • Proposition de ce qu’il pourrait mettre en place pour progresser (auto-évaluation) avec une formule du type « J’aurais pu voir si… ».

Le professeur pourra demander à certains élèves de lui donner ce retour à plusieurs reprises, en rajoutant simplement des conseils rapides. Il pourra au final faire un bilan de la démarche suivie par l’élève pour progresser.

On pourrait envisager au terme de quelques lectures linéaires, une confrontation des stratégies mises en œuvre par les uns et les autres. Dans ce cas-là, créer des groupes avec 1 ou 2 élèves solides et 3 ou 4 élèves plus fragiles pour permettre un échange.

Cette scénarisation de lecture linéaire peut être adaptée pour des élèves qui n’ont pas accès à une connexion ou ne possèdent pas d’outil numérique.

La question de grammaire

Le professeur forme des groupes de 4 élèves qui devront chacun repérer dans le texte un élément linguistique relatif à l’interrogation ou à la négation ou aux compléments circonstanciels et proposer une question qui sera traitée par un autre groupe.

Chacun des groupes restituera à la classe via un pad le fruit de leur réflexion. Le groupe à l’origine de la question donnera une réponse / rectifiera.

L’ensemble de la classe pourra visualiser toutes ces données. Chaque élève sera ensuite amené à vérifier l’exactitude des propos et à fournir une rectification si nécessaire.

Le professeur évaluera (de manière formative) certaines productions et proposera un corrigé des questions + une analyse rapide des erreurs repérées dans le raisonnement.