Cet article propose une méthode permettant aux élèves de BTS de réussir la synthèse de documents. Il s'agit de rendre visuel l'écrit pour mieux voir le "tissage" des documents dans la synthèse de documents et de mieux comprendre la structure et les attentes de cet exercice.

Une ressource proposée par Sandrine Conti-Eymery

Présentation de la méthode et de ses objectifs

Objectifs

A partir d’une copie d’élève, d’un premier devoir, ou d’une correction rédigée d’une synthèse tirée des annales, il s’agit de rendre visuel l’écrit pour mieux voir « le tissage » des documents dans la synthèse de documents et de mieux comprendre ainsi la structure et les attentes de cet exercice.

La méthode

  1. On donne aux élèves un code couleur pour chaque document du corpus. Ce code permet d’avoir le même tissage coloré pour toute la classe.
  2. On leur demande de souligner les connecteurs logiques, les outils de comparaison, d’annonce du plan dans une copie que nous avons sélectionnée.
  3. On demande aux élèves d’encadrer la problématique.
  4. Les phrases de transition, d’introduction de chaque partie et de conclusions partielles restent en noir tout comme les éventuels documents extérieurs au corpus qui ne devraient pas se trouver dans la synthèse… mais dans l’écriture personnelle…
  5. On peut demander d’encadrer au crayon de papier les verbes introducteurs ou ceux de l’analyse littéraire (en gras dans les exemples ci­‐dessous).

Conseils

  • Jouer sur les émotions des élèves pour mieux mémoriser la méthode par une petite mise en scène : les élèves ne sont pas prévenus du contenu du cours. Ils voient sur le bureau du professeur des crayons de toutes les couleurs ou des surligneurs. On annonce : « aujourd’hui, coloriage ! ». Les réactions des élèves vont de « oui, super ! » à « beurk, j’aime pas » en passant « vous nous prenez pour des bébés ? » -‐ Distribuer les crayons de couleurs ou les surligneurs.
  • Donner les objectifs : il s’agit de mieux comprendre les attentes de la synthèse de documents en en révélant les éléments de la trame, c’est à dire, en mettant en évidence les réseaux organisés et progressifs invisibles. (on peut aussi souligner auprès des élèves l’étymologie du mot texte1 et filer la métaphore en l’étendant aux réseaux sociaux…)
  • Le travail peut commencer dans un esprit ludique.
  • Une fois le tissage coloré effectué, on lève les copies. Tout le monde doit avoir le même tissage, si la consigne a bien été comprise, puisqu’il s’agit du même devoir.

Les variantes

En BTS 1 :

  • On peut faire ce travail pour expliquer la méthode de la synthèse avant un premier devoir. On donne une synthèse rédigée (extraite d’un livre de cours, par exemple) en tout début d’année sans donner le corpus de documents. On conclut qu’une bonne synthèse résume les éléments essentiels des documents : on peut donc comprendre l’essentiel sans lire au préalable les documents.
  • On peut aussi mettre en garde les élèves sur les corrigés qu’ils trouvent dans les annales : les corrections ne sont pas toujours entièrement rédigées. Les élèves, eux, doivent intégralement rédiger la synthèse et l’écriture personnelle.
  • On peut refaire cet exercice après évaluation du premier devoir : chaque élève pratique le coloriage sur sa copie. Il doit ensuite préciser par écrit ce qu’il doit améliorer dans son devoir et réécrire une partie du devoir pour en améliorer 3 points.

En BTS2 :

On peut se servir de deux devoirs d’élèves pour les noter et les comparer. On précise alors les compétences validées dans les devoirs au niveau de leurs structures en se basant sur le référentiel.

  • Deux bons devoirs n’ont pas forcément un tissage identique même s’ils répondent aux critères méthodologiques de la synthèse (qu’on peut demander aux élèves d’énumérer à nouveau) : le tissage coloré dépend du plan et de la problématique.
  • On peut suggérer aux élèves qui sont en difficulté d’utiliser un papier claque pour faire ce travail sur leurs propres devoirs (notamment pour les devoirs à la maison). Bien entendu, on les met en garde : ils ne pourront pas utiliser cette méthode lors de l’épreuve de BTS mais d’ici là, ils auront amélioré leurs compétences.

Nota bene : La synthèse est un outil commun à plusieurs disciplines de BTS : il est donc possible de l’adapter pour d’autres enseignements que Culture Générale et Expression.

Illustration de cette méthode

Exemple 1 d'un devoir d'élève

Exemple proposé à partir du corpus du sujet national 2014.

Document

Analyse du devoir d'élève

L'introduction :

  • Est bien centrée sur le thème officiel (rappel du thème dans l’accroche).
  • Présence d’une problématique correcte mais la ponctuation ne correspond pas au type de phrase.
  • Annonce correcte du plan malgré la répétition de « nous verrons ».

Remarque:il serait possible présenter les documents du corpus en les confrontant dès l’introduction (ce qui est à peine esquissé dans ce devoir). Cependant, ce n’est pas obligatoire dans l’introduction s’ils sont correctement présentés dans le déroulement du devoir.

La première partie présente de graves défauts : elle est uniquement colorée en rouge !

  • donc centrée uniquement sur un document. Il faut au minimum confronter deux documents par paragraphe. Chaque partie du développement doit permettre de confronter plusieurs documents (au minimum deux). L’idéal (pas toujours réalisable) est de confronter tous les documents dans chaque grande partie.
  • Pas d’annonce thématique reprenant l’annonce du plan de l’introduction (qui devrait apparaître en noir) en début de cette première partie.
  • Il n’y a pas de phrase de conclusion partielle en fin de cette partie : elle devrait apparaître en noir aussi.
  • Il y a très peu de connecteurs logiques et pas d’outils de comparaison.
  • La ponctuation est à améliorer et il faut harmoniser l’utilisation des chiffres romains.

La seconde partie est un peu meilleure :

  • Elle permet de se situer dans le devoir grâce à une phrase d’annonce.
  • Elle tient compte de tous les documents même si deux documents sont réellement confrontés et si tout un paragraphe est centré autour d’un seul document.
  • Il y a donc présence d’outils de comparaison (même s’ils sont redondants).
  • Il est à souligner que l’on peut comparer les documents en montrant les similitudes, mais aussi en soulignant les différences et les nuances. Cette partie met en évidence un document qui s’oppose aux autres.
  • Il y a une phrase de conclusion partielle à cette partie.

NB : il faut éviter de nommer les documents par leur numéro : il vaut mieux les référer chacun par leur titre, leur genre et/ou, le nom de l’auteur. Le numéro est attribué par le concepteur du sujet qui hiérarchise les documents entre -­‐eux et non par les auteurs des documents. D’ailleurs, les titres, tout comme les dates permettent aussi de poser les jalons d’une bonne confrontation de documents.

La troisième partie répond mieux aux attentes de la synthèse :

  • Tous les documents sont confrontés et montrent un vrai tissage des textes.
  • Il y a bien présence d’une phrase d’annonce de la partie.

Cependant :

  • Cette partie est un peu courte par rapport aux deux autres.
  • Il manque une phrase de conclusion partielle.

Remarques générales et conclusion : ce dont il faut tenir compte pour réussir une synthèse

Remarques générales :

  • Il vaudrait mieux faire un plan en deux parties consistantes tissant bien tous les documents entre eux que trois parties maladroites.

Cependant :

  • Tous les documents du corpus sont bien pris en compte dans ce devoir.
  • L’introduction ainsi que la conclusion sont présentes.
  • L’élève a bien procédé à une reformulation des textes.(On pénalise fortement un montage de citations).
  • Il y a peu de marques de subjectivité : l’élève a bien compris qu’une synthèse doit être objective.
  • La syntaxe, la grammaire et l’orthographe sont tout à fait corrects.
  • La méthode est donc en voie d’acquisition.

NB : Si un document est mal référé, il est difficile de le mettre en valeur par le tissage coloré. Cela veut aussi dire que le professeur-­correcteur peut ne pas comprendre l’argument et le prendre pour un argument subjectif : il faut donc référer de préférence explicitement les documents.

Conclusion : ce dont il faut aussi tenir compte pour réussir une synthèse

NB : ces points doivent obligatoirement être abordés dans un autre travail de méthode de la synthèse dans une logique de progression annuelle.

  • L’objectivité de la synthèse qui, comme la confrontation des documents, est un élément essentiel n’est pas abordé dans ce point méthode : il faudra donc aussi travailler sur l’énonciation dans un autre exercice. NB : les pronoms personnels ne portent pas, à eux seuls, la marque de la subjectivité : il faut étudier aussi les interactions entre le pronom et le verbe. Ce travail est complémentaire, car en miroir, à celui effectué pour « L’Ecriture Personnelle », qui, elle doit porter les marques de la subjectivité.
  • La langue : grammaire, syntaxe, orthographe…n’est pas mise en lumière par le coloriage. Elle doit être travaillée à partir d’un autre exercice.
  • Le vocabulaire et le lexique : La bonne utilisation des connecteurs logiques et des outils de comparaison n’est pas étudiée non plus, mais, on peut, à partir des verbes d’analyse littéraire noircis et des connecteurs logiques ou outils de comparaison soulignés montrer la redondance de certains syntagmes et montrer l’utilité aux élèves d’enrichir leur vocabulaire. On peut, à la suite de cet exercice, faire élaborer aux élèves une fiche d’outils de comparaison, une fiche de verbes introducteurs, une fiche de connecteurs logiques qu’ils compléteront au fur et à mesure de l’année scolaire : ce sont des mots outils qu’ils doivent s’approprier. NB : Il est aussi important de permettre aux élèves de constituer des lexiques pour réussir l’épreuve de CG et EX. sans oublier les mots nouveaux ayant trait au thème officiels…utiles pour comprendre les textes du corpus mais aussi pour s’exprimer avec aisance lors de l’Ecriture Personnelle.
  • Argumentation, compréhension et analyse des textes : avec cette méthode, on ne voit pas non plus si tous les arguments principaux des documents de la synthèse sont tous présents. C’est aussi un des points à travailler sur un autre exercice. (exercice effectué à partir, par exemple, d’un tableau synoptique : on demande aux élèves de retrouver dans la synthèse les arguments inscrits dans le tableau synoptique correspondant).
  • On ne souligne pas non plus les contresens éventuels qui sont à lever avec les élèves lors d’un travail sur l’analyse des documents.

Exemple 2 d'un devoir d'élève

A partir du thème officiel 2013-2015 : "cette part de rêve que chacun porte en soi".

Document

Analyse du devoir d'élève

Analyse de l'introduction

  • On voit d’emblée que l’élève a compris la méthode de l’introduction ainsi que celle de la synthèse : objectivité, reformulation, confrontation des documents.
  • La problématique est correcte.
  • L’annonce du plan est effectuée mais la seconde partie semble maladroite par rapport aux documents. Cependant le sujet de cette synthèse pose problème : il s’agit de centrer la première partie de la synthèse sur le rêve de l’ambition et la seconde partie sur l’ambition elle­‐même. Il est difficile d’aborder le thème du rêve dans les deux parties du développement.
  • L’accroche plus les « 3 P » sont présents et clairement annoncés : Présentation, Problématique, Plan.
  • L’utilisation du verbe « raconter » est redondante et maladroite. Il faut aussi plus varier les verbes d’action concernant l’analyse littéraire.
  • Attention à l’analyse littéraire : Dans quelle mesure Charles Aznavour est‐il le personnage de sa chanson ?

Analyse de la partie I du développement

  • 3 documents sur 4 sont représentés et réellement confrontés : il aurait été aussi possible d’intégrer le document 4, La chanson du groupe Téléphone « Un autre monde ».
  • Certains arguments sont mal explicités mais on comprend assez bien la progression de cette partie même s’il faudrait aussi des paragraphes marqués par un alinéa.
  • La phrase introduisant cette première partie est présente mais maladroite car axée sur un document seulement : elle devrait plutôt annoncer le thème de cette partie.
  • Il manque une phrase de conclusion partielle.
  • Le verbe « décrire » est trop souvent utilisé : il faudrait varier le lexique. ( Ces types de verbes sont aussi ceux utilisés en classe de première pour les commentaires de texte).

Analyse de la partie II du développement

  • Tous les documents de la synthèse sont traités et confrontés.
  • On repère facilement des paragraphes dans cette seconde partie.
  • Quelques maladresses dans l’énonciation et dans l’interprétation des documents sont à commenter.
  • Cette partie est un peu trop longue par rapport à la première à cause du plan qui n’est pas optimum.
  • Il manque une conclusion partielle.

Conclusion

  • La méthode générale est comprise.
  • Le dernier mot « apaiser » n’est pas un point vraiment développé dans la synthèse.
  • La conclusion reflète à peu près la problématique de l’introduction.

Appréciation générale du devoir

Un bon devoir malgré certaines maladresses méthodologiques qu’il faut encore lever. Il reste aussi qu’il faut approfondir l’étude des documents pour avoir une analyse plus fine.

Conclusion générale sur cette méthode de travail

Pour s'auto-évaluer, les élèves doivent retenir :

  • Que si le corpus contient 4 documents, on doit retrouver 4 couleurs tissées ensemble dans le devoir.
  • Que l’introduction doit visuellement comporter : une phrase non coloriée, un tissage plus ou moins long des quatre couleurs (les documents n’étant pas obligatoirement présentés de façon précise dans l’introduction s’ils le sont dans le développement). Une phrase encadrée (la problématique), des phrases non coloriées dont le début est souligné (l’annonce du plan).
  • Dans chaque partie du développement : il faut une phrase non coloriée au début et à la fin de chaque partie et pour marquer la transition entre chaque paragraphe d’une même partie. Des phrases de plusieurs couleurs (deux couleurs au moins par paragraphe). Des phrases soulignées dans chaque paragraphe.
  • Pour la conclusion : on doit retrouver brièvement les 4 couleurs. Des phrases non coloriées qui répondent à la problématique.

Pour aller plus loin : vers l’Ecriture Personnelle.

  • On peut reprendre cette technique pour mettre en évidence le schéma argumentatif de L’Ecriture Personnelle.
  • On peut aussi reprendre le code couleur de la synthèse pour souligner qu’il est possible d’utiliser les textes du corpus pour argumenter mais qu’il faut aussi mobiliser ses connaissances culturelles personnelles à bon escient : on doit donc rajouter d’autres couleurs. Ces autres couleurs mettent en évidence la culture personnelle des élèves.