Cette synthèse de la session 2022 a été établie par l'inspection pédagogique régionale de Lettres de l'Académie de Grenoble.

Nous vous proposons cette année un bilan des examens dans le cadre d’une démarche renouvelée. Avant de présenter les aspects chiffrés de la session 2022, nous vous proposons une synthèse de chaque examen, avec une entrée selon les aptitudes évaluées : nous espérons faire apparaître ainsi une continuité du parcours d’apprentissage de l’élève, même si la continuité école collège, primordiale, n’apparaît pas ici. Ces synthèses reposent en très grande partie sur les comptes-rendus des coordonnateurs, que nous tenons à remercier chaleureusement une fois de plus : nous veillons à faire en sorte que votre travail et votre réflexion pédagogiques, essentiels pour les candidats, soient ici partagés pour aider le plus largement possible la communauté des professeurs de lettres de notre académie.

Il va de soi que ce ne sont pas les examens qui uniquement guident notre enseignement et les démarches pédagogiques que nous mettons en œuvre dans les classes. Toutefois, des pistes de réflexion peuvent s’ouvrir ici, dans les domaines de l’oral, de l’apprentissage de la langue, de la lecture, de l’écriture… Nous aurons plaisir à échanger avec vous et à approfondir ces réflexions lors des occasions que nous aurons d’échanger ensemble (visites en classe, réunions d’équipe par exemple).

Pour l’heure, au collège, les grilles indicatives fournies à l’occasion du DNB ont pu constituer des appuis forts pour les correcteurs, et ont été saluées comme très utiles. Elles ont été élaborées par un groupe de professeurs volontaires et peuvent s’avérer un outil essentiel pour l’évaluation formative tout au long de l’année . Elles sont, bien entendu , en cohérence avec les outils proposés au lycée, pour les épreuves écrites et orales de l’EAF comme pour l’enseignement de spécialité HLP. Ces outils contribuent, nous l’espérons vivement, à la mise en place d’un parcours cohérent, d’un curriculum des apprentissages des élèves.

L’équipe d’inspection des lettres de l’académie de Grenoble

Construire une réflexion

Cette compétence n’est bien entendu pas la seule évaluée dans le sujet de réflexion de la rédaction du DNB. Vous êtes nombreux à avoir salué l’aide apportée par les grilles indicatives d’évaluation : elles sont à votre disposition et peuvent être utilisées avec une visée formative dans le courant de l’année. Concernant le sujet de réflexion, selon bon nombre d’entre vous, il semble trop difficile pour être choisi majoritairement par les élèves : un travail spécifique est donc nécessaire, en effet, avec la perspective de la préparation aux lycées. Par ailleurs, vous êtes nombreux à signaler que certains élèves choisissent ce sujet sans être suffisamment préparés (structure, argumentation, exemples). Il a été toutefois bien moins souvent choisi par les élèves. La construction en paragraphes est globalement acquise par les candidats. La structuration l’est moins : on signale des difficultés à faire progresser la réflexion, une pauvreté des exemples choisis et des difficultés à les exploiter.

Analyser et interpréter des textes

De manière moins prégnante que l’année dernière, les correcteurs ont parfois semblé un peu étonnés par la nature du texte support. Cette année, c’est une fable qui était au coeur du sujet.
Qu’il s’agisse d’un texte narratif du XIXeme siècle ou d’une fable du XVIIeme siècle, ces textes permettent d’évaluer les compétences de compréhension et d’analyse, des textes et de la langue française, et non pas de réciter des connaissances qui seraient cloisonnées dans le programme (voire, dans la vision du programme que véhicule le manuel) d’un niveau précis. Si la fable est abordée au cycle 3 (avec la thématique Résister au plus fort : ruses, mensonges et masques , avec notamment "des fables et fabliaux, des farces ou soties développant des intrigues fondées sur la ruse et les rapports de pouvoir"), elle apparaît également dans les programmes du cycle 4. Pour la classe de troisième, il est précisé que dans le cadre de l’étude du questionnement Vivre en société, participer à la société , on pourra :

  • "découvrir des oeuvres, des textes, et des images à visée satirique, relevant de différents arts, genres et formes ;
  • comprendre les raisons, les visées et les modalités de la satire, les effets d'ironie, de grossissement, de rabaissement ou de déplacement dont elle joue, savoir en apprécier le sel et en saisir la portée et les limites ;
  • s'interroger sur la dimension morale et sociale du comique satirique."

Dans ce cadre, on étudiera par exemple :

  • "Des oeuvres ou textes de l'Antiquité à nous jours, relevant de différents genres ou formes littéraires (particulièrement poésie satirique, roman, fable, conte philosophique ou drolatique, pamphlet.)
  • des dessins de presse ou affiches, caricatures, albums de bande-dessinée."

Dans le cadre du travail de l'année, il conviendra donc, dans le domaine de la compréhension des textes, de préparer les futurs candidats aux possibles offerts par les programmes.


La question de l'analyse des textes apparaît également dans le sujet de rédaction. Quelques élèves sont passés à côté du récit épique que le moucheron devait effectuer devant les animaux. Il y eu donc des hors-sujets, mais également beaucoup de textes se limitant à la paraphrase, ce qui a posé la question de l'évolution des productions.
On note par ailleurs de fréquentes difficultés à présenter correctement un dialogue.

Maîtrise de la langue

La question portant sur les manipulations à effectuer pour identifier le COD nous rappelle la nécessité de favoriser la manipulation de la langue, à la catégorisation (l’étiquetage) trop souvent vide de sens pour des élèves.
La question quoi ?/qui ? ne peut servir à identifier le COD sans identification du verbe d’action (vs. Verbe d’état). La pratique fréquente de l’analyse de phrase du jour, qu’il nous est souvent donné d’observer en classe est une belle opportunité de développer ce sens de la langue qui sera nécessaire également à l’oral de l’EAF : déplacer, supprimer, remplacer sont des outils qui permettent de façonner , en termes d’analyse du fait de langue, des « têtes bien faites ». Là encore, si les manuels scolaires mettent très peu cette démarche en exergue, il nous revient de nous reporter aux programmes de l’enseignement du français. À ce titre, on rappellera les propositions d’activités (p.23 des programmes) proposées pour Analyser le fonctionnement de la phrase simple et de la phrase complexe : repérage des liens sujet-verbe, jeux de suppression, déplacement, etc. :

  • « réflexion sur le sens apporté par les compléments circonstanciels : suppression, déplacement, remplacement, etc. ;
  • activités d’écriture sur les expansions du nom ;
  • articulation d'activités de raisonnement et d'activités visant l'automatisation des procédures ;
  • utilisation du TNI (tableau numérique interactif) ou du traitement de texte pour mettre en œuvre des manipulations syntaxiques ;
  • activités d’expansion / réduction de phrases : exercices d’entraînement, d’automatisation, écriture, etc. ;
  • activités de manipulation pour déterminer les niveaux de dépendance entre les propositions ».

Ici, donc, l’examen prend appui — de manière attendue — sur les programmes et les préconisations pédagogiques qui y figurent. Si nécessaire donc, un infléchissement des pratiques pédagogiques peut être induit par ce sujet d’examen, et c’est ici l’occasion de nous interroger sur les activités variées à mettre en œuvre au quotidien.


La pratique de la phrase du jour, par exemple, que nous observons souvent en classe permet de favoriser ce travail de manipulation, et de développer le sens linguistique des élèves.

Mobiliser une culture littéraire

Dans la rédaction, et plus précisément dans le sujet de réflexion, quelques copies ont su reprendre les œuvres littéraires vues dans l’année ou empruntées à leur bibliothèque personnelle. Ils ont aussi, pour certains, pu évoquer les œuvres engagées vues en Arts plastiques et en musique : La Ferme des animaux, Antigone, Otto Dix ont parfois été exploités avec bonheur. Ici encore, les grilles d’évaluation ont été perçues comme très utiles, et les propositions de descripteurs qu’elles contiennent leur permettent d’être tout au long de l’année (et tout au long du cycle 4) des outils pertinents dans le cadre d’une évaluation formative.