Remontées pédagogiques de la session 2022

La première caractéristiques des copies réussies est la prise en compte du sujet

Les correcteurs ont salué le candidat qui « a eu le souci de la question posée », qui « en cas de difficulté, a quand même essayé de répondre » , « la copie (qui) n’est pas devenue un sujet différent».

On trouve, en miroir, cité comme problème numéro 1 « l’oubli rapide voire la mise à l’écart méthodique » du sujet :

En interprétation, « la question a été oubliée », « elle a été effacée » et par conséquent la « réponse consiste en une étude générale du texte » sans cohérence, superficielle. Ce problème se répercute sur l’ensemble des compétences à évaluer puisqu’aucune ne peut être démontrée de façon satisfaisante (sauf la maitrise de la langue, plus rarement la culture mais toujours limitée en bout de course par son « impertinence »).

En essai, on trouve « des copies qui ne pren(ant) en compte qu'une partie de la question ou du sujet (…) proposent une réflexion très générale, pas de réel effort de problématisation ou d'interprétation ». Le pire étant, faute de prise en compte du sujet, l’absence d’argumentation ou « le manque ou l’absence de logique », « placage de cours (sans rapport avec la problématique) » qui là aussi, même par compétences, pénalise fortement l’ensemble de la copie.

On trouve donc dans les pistes de travail pour l’année prochaine : « Travailler encore et encore la prise en compte de la question posée » :

  • « Travailler l'analyse de sujets (surtout en interprétation) », entrainer à la « prise en compte de la question posée pour donner un angle à l'analyse du texte »
  • « Traiter des sujets à l’oral pour ne pas perdre de temps et sans toujours les creuser », créer « un réflexe, signaler l’importance de ce problème en cours, envoyer ce message dans les entrainements (faire refaire les devoirs qui ont esquivé la question sans même les corriger en détail avant)"
  • « Un conseil, pour les élèves, ce serait de travailler la question avant de répondre ! » 

On comprend aussi, à lire l’ensemble de vos retours, que la prise en compte du sujet est ce qui va donner un sens à l’exercice pour l’élève : analyser un texte sans rien y chercher est une activité superficielle (d’où une copie creuse). Répondre sans partir d’une question est sans doute pire encore…

La seconde caractéristiques des copies réussies est l'appui sur des citations ou des exemples

Les copies proposant des « Exemples maîtrisés » « des éléments d'analyse précis (question d'interprétation) ou des exemples pertinents (essai) », « faisant des liens avec des éléments de cours/ de culture générale » sont des copies réussies.

A contrario, des copies sont vraiment limitées dans la réflexion par « le manque d'exemples illustrant les arguments avancés », « les références trop imprécises au texte », « les exemples absents/inadaptés (que des films, aucune œuvre de qualité - non pertinents), « l'absence ou la pauvreté des exemples -on se demande parfois ce qu'a ajouté le cours d'HLP », « On a parfois l'impression que certains candidats ne savent pas valoriser ce qu'ils ou elles connaissent. »

Cette caractéristique est citée avant la qualité de l’analyse ou de l’argumentation mais les deux, à lire les retours, sont intimement liées : ce qui fait la solidité ou la nuance de l’analyse et de la réflexion, c’est la présence d’un travail sur les exemples. On ne peut pas répondre en effet aux sujets sans avoir acquis la culture qu’apportent les cours HLP sur les thèmes vus. Sur cette base : « l'absence de référence(s) semble discriminante / rédhibitoire. » non par principe mais par nécessité, car « les copies "réussies" sont nuancées et solides dans leurs arguments ou leurs analyses » le plus souvent grâce aux illustrations, d’ailleurs « les copies "ratées" sont descriptives ou fermées sur un avis faiblement étayé ».

Les pistes de travail vont dans ce sens : c’est au contact des œuvres/auteurs que les compétences d’analyse ou d’argumentation des élèves progresseront. Pour cela :

  • « faire davantage prendre conscience aux élèves de la nécessité d'une maîtrise d'un certain nombre de notions liées aux thèmes au programme. Il ne s'agit définitivement pas d'une simple question de "sujet inspirant"...
  • « Ce n'est pas original mais (…) la construction d'une" bibliothèque" culturelle personnelle me semble nécessaire. ». D’ailleurs « les essais les plus "ratés" n'ont pas su voir en quoi la question posée renvoyait, au moins / entre autres, explicitement à l'objet d'étude "Histoire & violence" ».
  • On suggère aussi un travail à mener pour aider à mobiliser les exemples, les références littéraires et artistiques, pour aider à s’en souvenir. Pour cela comme pour les idées et notions du cours, les faire réfléchir « tout en organisant, hiérarchisant (…) peut-être en incitant davantage à faire des fiches récapitulatives, des cartes mentales ».

Ajoutons que ces remarques vont bien dans le sens d’une épreuve d’examen, car comme le dit une collègue « avoir des références culturelles mobilisées à bon escient, (…) permet à la réflexion de se déployer et rend compte de l'implication du candidat dans le travail de l'année. »

Si les points ci-dessus sont communs à quasiment tous vos retours, certaines difficultés sont réelles mais signalées plus ponctuellement

L'importance de l'organisation de la pensée, en analyse comme en essai

Cela se traduit par la « présence d’un plan/déroulement simple, clair, et efficace,», et c’est ce mot « clarté » qui revient (ce qui est logique puisqu’il n’y a pas de méthodologie attendue): « clarté de la pensée », « clarté de la démarche (pas nécessairement un plan) », « un cheminement argumentatif clair avec une articulation à la question posée « , une « progression claire » opposé à des mots comme « plan confus », « idées qu’on ne peut pas suivre », « plan tarabiscoté »…

Pour atteindre cet objectif, on pourrait « multiplier les activités d’écriture », « travailler la capacité à être compris et à comprendre les autres », « faire des activités de résumé », « entrainer à faire des plans progressifs » (analyse et essai). « Passer par l’oral de manière plus récurrente afin de favoriser l’organisation des idées et l’expression la plus claire possible (cela prépare aussi l’élève au Grand oral).

L'importance de l'aspect "littéraire" dans nos exercices

Les bonnes copies « cernent la singularité et  la qualité d'un texte littéraire », « prouvent la compréhension du point de vue et du contexte », font la « prise en compte du genre littéraire dans l'étude des procédés d'écriture », « le repérage et interprétation précis des procédés littéraires utilisés ».

Les liens HLP- Français seraient à expliciter, la frontière lettres-philo à bien affirmer, comme la frontière « interprétation-essai ». La même remontée se fait du côté des philosophes, semble-t-il : dans les copies faibles les disciplines et les exercices se contaminent ou servent de prétexte à simplement « discuter », raconter ce qu’on pense (sans même argumenter), ne faire ni de la littérature ni de la philosophie, ni une analyse ni une réflexion.

Une correctrice signale ainsi « il me semble peu opportun de permettre aux élèves de faire des références à d'autres textes dans l'exercice d'interprétation littéraire car il me semble que cela brouille la limite avec l'essai et les entraine vers cet exercice et trop loin du texte qu'ils n'analysent plus.». Il sera utile de « Différencier davantage la démarche philosophique de la démarche littéraire et bien spécifier aux élèves les attentes de l’une et de l’autre. »

Des problèmes de compréhension globale du texte

Enfin souvent (sans doute est-ce une évidence, sans doute est-ce pour cela que ces remarques ne sont pas systématiques), la compréhension globale du texte est essentielle et un niveau suffisant d’expression est indispensable. Ce travail déborde cependant celui de HLP – et le choix de cette spécialité interroge chez des élèves présentant ces points de fragilité (question qui se posait aussi pour nos ex terminales L et dont on connait parfois les ressorts). On évoque donc « un Accroissement de l'activité de lecture pour renforcer la capacité à décoder » et éviter les contresens », « un travail sur la langue, de réécriture »

Pour finir, voici un conseil est un peu à part mais bien ancré dans cette correction de copies « j'insisterais auprès des élèves sur la nécessité de suivre l'ordre des exercices :  le texte aide vraiment à comprendre le sujet de l'essai. Les élèves ayant commencé par l'essai littéraire ont souvent donné une définition trop restrictive de "l'appétit de catastrophe ", l'assimilant uniquement à la guerre, alors que les exemples donnés par Ricoeur sont plus vastes » et ont donc aidé à comprendre le cadre de la question posée.

Remontées chiffrées

Comme indiqué sur SANTORIN en fin de session : les notes vont de 0 à 20, la moyenne est à 11,23/ 20. La note médiane est à 11 (autant de copies en dessous de 11 qu’au-dessus).

Les moyennes de tous les exercices se situent entre 5,2/10 et 5,8/10, qu’il s’agisse du premier ou du deuxième jour, qu’il s’agisse de l’essai ou de l’interprétation, qu’il s’agisse d’un exercice en lettres ou en philosophie.

La commission d’harmonisation académique réglementaire, co-animée avec des enseignants-correcteurs, n’a rien modifié aux notes mises. Aucun lot statistiquement représentatif (= avec un assez grand nombre de copies) n’était en dehors de la zone de confiance définie par SANTORIN à partir du 11,23 obtenu à l’issue du verrouillage des lots.

Merci à tous ceux qui ont participé à cette correction et à ces retours