En réalisant une œuvre de littérature numérique, les élèves découvrent cette nouvelle forme littéraire et réfléchissent au rapport entre monde réel et monde virtuel. Ce projet a été mené en partenariat avec le Dôme théâtre, l'école de musique Arlysère, dans le cadre du festival des Arts numériques d'Ugine. Ce projet artistique s'inscrit comme le prolongement d'une séquence consacrée à la littérature numérique et à l’œuvre "Déprise" de Serge Bouchardon.

Une ressource proposée par Céline Saluzzo et Charline Maurice, professeures au lycée René Perrin d'Ugine

Objectifs

  • Découvrir la littérature numérique en tant que forme récente de production littéraire qui, en utilisant les outils proposés par le numérique, permet d’allier travail d’écriture au travail du son et des images. L'œuvre multimodale permet d’impliquer différemment le lecteur ; très souvent, la littérature numérique s’appuie sur une nécessaire interaction avec le lecteur.
  • Mise en activité en écrivant un scénario, en manipulant des logiciels de création et en côtoyant des artistes et des techniciens dans le domaine de la création numérique et du travail sur le son.

Compétences travaillées

  • Lecture : Découvrir la variété de la littérature numérique et de ses caractéristiques.
  • Écriture : Rédiger des scenarii et imaginer leur mise en œuvre numérique.
  • HDA : Aller à la rencontre des Arts numériques à travers la découverte virtuelle et réelle d'expositions d’œuvres numériques ( travail en classe sur Teamlab, visite du Festival des Arts Numériques à Ugine en Savoie) organisé pour la première fois cette année par l’Ecole de Musique d’Ugine dans le but de faire découvrir la création numérique sous des formes diverses, que ce soit à travers des installations, des performances visuelles (notamment de mapping) ou encore des productions musicales. Il s'est déroulé du 30 janvier au 3 février 2019. Les élèves ont suivi des ateliers d’initiation à la création artistique numérique avec des médiateurs culturels.Une partie tout public a mêlé programmation professionnelle de spectacles, installations, illuminations, concerts, rendus d’ateliers, participation à la journée des talents du lycée.
  • Transversale : S’impliquer dans un projet et dans un travail de groupe

Outils et modalités de travail

  • Premières S et STI.
  • Partenariat avec l'école de musique.
  • Travail de groupe et travail à distance avec les intervenants (échange de courriels entre intervenants et élèves, par l'intermédiaire des professeurs).

Trois heures de séance d'écriture en classe.

Deux journées d'atelier avec les intervenants.

En salle informatique et dans l'école de musique

Utilisation des logiciels de traitement du son et des banques de son (Reaper).

Utilisation de logiciels de traitement d'image (Photoshop, After Effect).

Démarche pédagogique

Le travail présenté s'inscrit dans un projet d'atelier d'écriture et d'atelier artistique dans le prolongement d'une séquence consacrée à la littérature numérique. La séquence figurera sur le descriptif pour l'oral de l'EAF.

La séquence : E-TRACES. En prise avec le numérique

Œuvre intégrale : Serge Bouchardon, Déprise

Déroulement de la séquence

S1 : Définir la littérature numérique

S2 : Découvrir Déprise de Bouchardon

S3 : LA Déprise, « scène 1 : l’incipit»

S4 : Atelier d’écriture numérique

S5 : LA Déprise,« scène 2 : la rencontre »

S6 : La question du lecteur

S7 : Le numérique en action /Teamlab

S8 : Atelier d’écriture numérique

La problématique

Comment une œuvre de littérature numérique peut -elle nous faire réfléchir à notre rapport au monde réel et virtuel ?

Cette problématique est naturellement en lien avec les programmes en vigueur en 2018/2019. En tenant compte des nouveaux programmes, une approche d'une telle œuvre est évidemment encore possible. On pourrait, par exemple, imaginer un parcours sur les moyens de communication contemporains, comme cela est envisagé au travers de l'objet d'étude « La littérature d'idée et la presse du 19e au 21e », en intégrant Déprise puisque les élèves doivent s'interroger autour d'un débat social ; les difficultés à communiquer, à maitriser sa vie qu'évoque l’œuvre de Bouchardon aussi bien dans sa forme que dans son fond nous semble pouvoir entrer dans cette perspective. Cette œuvre serait ainsi étudiée dans une séquence plus large sur la communication à l'ère des réseaux sociaux et d'internet (communication facilitée mais dangereuse, fallacieuse).

L'objet d'étude sur « Le roman et le récit du 18eau 21e » peut également envisager l'étude de cette œuvre en la considérant comme une lecture cursive qui permettrait de s'interroger sur les nouvelles modalités du récit numérique et qui donnerait lieu à un écrit d'appropriation du type de celui mis en place cette année. Cette lecture cursive pourrait d'ailleurs faire suite à l'étude en classe d'un roman comme Jacques le fataliste de Diderot, roman qui a lui aussi en son temps joué avec les codes tout en innovant.

Les lectures analytiques

LA 1 : L'incipit

LA 2 : La rencontre.

Travail de comparaison avec d'autres œuvres de littérature numériques (consultables en libre accès sur internet) :

Ce corpus d’oeuvres numériques permet de faire découvrir cette forme de littérature nouvelle même pour nos élèves, il a été choisi pour proposer une vision élargie du concept (formes différentes – prédominance du texte ou de l’image-, interactivité avec le lecteur/spectateur plus ou moins prégnante, ouvrages récents ou patrimoniaux -Voltaire-).

Parcours de l'oeuvre

Découverte des Arts numériques à travers les expositions du collectif Team Lab (collectif d’artistes asiatiques qui font de nombreuses expositions virtuellesdans lemonde).

Les ateliers d'écriture

Ils se sont déroulés avec une alternance autour des temps de préparation des scenarii, des temps d’écriture réalisés en classe et des temps de réalisation avec les intervenants.

La trame de départ a été définie par les enseignantes et présentée aux deux classes de Première. Il s’agissait d’imaginer ce qui pouvait se passer dans différents véhicules circulant autour d’un même rond point. Les élèves ont ensuite réfléchi aux différents types de véhicule qu’ils pouvaient envisager, chaque véhicule correspondant à un choix du lecteur au début de la lecture et permettant ensuite d’envisager différents scenarii. Après une harmonisation au sein des deux classes, les élèves se sont repartis en groupes d’affinité, donc librement, pour travailler sur leur scénario. Si la classe est chargée (plus de 30 élèves), cela ne pose pas de problème puisqu'elle est divisée en ilot, sinon le travail peut être mené en parallèle avec le professeur documentaliste.

  1. Le travail de préparation du scenario effectué en classe devait prendre en compte les éléments suivants :

*imaginer la trame narrative,

*imaginer les dialogues ou les pensées des personnages,

*envisager les différents choix possibles afin de créer une interactivité,

*définir les éléments sonores et les éléments visuels pour accompagner le scenario.

Le travail a pris des formes différentes en fonction des groupes : certains sont

partis de l’invention des actions, d’autres ont d’abord pensé à des images ou à des sons. Ce travail de préparation a ensuite évolué au cours des ateliers avec les intervenants.

Les élèves ont donc commencé en classe (environ 2H), ont terminé chez eux et envoyé le résultat sous format numérique aux professeurs qui ont centralisé et fait suivre aux intervenants afin qu'ils puissent préparer les ateliers.

Avec les intervenants artistiques : Prise en main des logiciels, Réalisation, Travail sur la prise de sons. Ces ateliers se sont faits sur deux jours grâce à la préparation préalable et surtout à l'enthousiasme des intervenants qui ont divisé chaque classe en deux groupes (un son et un image) par demi-journée. Ces ateliers, enrichissants pour les élèves, ont été bien rapides et par la suite, nous (intervenants, professeurs et élèves) avons communiqué par mails afin de finaliser les prises sons, les musiques ou bruitages et le séquençage du scénario à travers les images sélectionnées.

Bilan de l'expérimentation

- Travail en groupe.
- Valorisation du travail des élèves à travers les expositions.
- Rencontre avec des professionnels qui peut leur donner des idées quant à leur avenir.
- Difficultés inhérentes à la mise en place des projets artistiques et culturels notamment en termes d’équilibre budgétaire.
- Difficulté à gérer le temps que demande ce type de pratique avec le cours de français, en particulier la préparation des épreuves du baccalauréat ; néanmoins ce type de pratique est essentiel pour l’enseignant (motivation supplémentaire lié à un projet qui sort de l’ordinaire, lié à un travail collaboratif avec des partenaires culturels hors lycée) mais aussi pour l’élève (valorisation de sa propre estime puisqu’il sort du cadre scolaire proprement dit, de la matière « français » dans laquelle il est parfois en difficulté voire en échec, valorisation dans la mesure où l’enseignant prend en compte des centres d’intérêt qui lui sont plus spécifiques
-numérique, logiciels de son et d’images).
Le choix de faire participer deux classes différentes est également un enjeu majeur : mêler des élèves de S et de STI autour d’une seule et même œuvre les oblige à mieux se considérer mutuellement, contribue à une émulation et une valorisation mutuelle).
De plus, le choix d'une œuvre numérique dont les modalités d'appropriation se rapprochent de celle d'un spectateur permet, même s'il est plus déroutant qu'un livre papier, de capter l'attention des lecteurs les plus en difficultés (par sa brièveté, son interaction, sa dimension tactile et visuelle -il faut utiliser la souris et la webcam-), la dimension littéraire du texte n'en est pas moins bien présente (découpage du texte proche du théâtre, réflexion dans une partie sur la notion de héros, interrogations autour du statut du narrateur, du lecteur).