La création d'un bot littéraire à partir de deux haïkus a permis de travailler sur les classes grammaticales, en association avec "La grammaire en couleurs" de Maurice Laurent. Les élèves ont identifié les caractéristiques des mots à remplacer, ont fait des propositions puis ont évalué les propositions de leurs camarades, pour générer de nouveaux haïkus.
Une ressource proposée par Annaïg Borne, professeure au collège Salvador Allende (Bourgoin-Jallieu, 38)
Objectifs
- Connaître et distinguer les cinq natures de mots variables et les prépositions.
- Être capable de proposer des mots de même nature, de même genre et de même nombre.
Compétence travaillée
- Identifier les constituants d'une phrase simple, se repérer dans la phrase complexe.
Outils et modalités de travail
- 1 classe de 6e (collège REP).
- Travail en groupe puis individuel
Travail mené en parallèle d'une séquence consacrée à la poésie, et durant des séances spécifiques de grammaire et d'orthographe.
En classe.
- tableur collaboratif "framacalc" ;
- plusieurs haïkus
- Tracery pour la visualisation du bot et la création du code ;
- Cheap bots done quick pour la mise en ligne du bot littéraire ;
- compte twitter créé pour le bot littéraire (@haiku6e4).
Démarche pédagogique
Depuis le début de l'année scolaire, les élèves travaillent sur les classes grammaticales à partir du tableau de la grammaire en couleurs de Maurice Laurent, à raison d'une heure hebdomadaire et d'activités rituelles au début des autres heures. L'objectif est que les élèves, à la fin du premier trimestre, soient capables de donner la nature de tous les mots variables et de repérer les prépositions.
La création du bot à partir des haïkus est la tâche finale de cette période de rappels. Les haïkus ont été lus en classe en amont de ce travail. Ils ont été choisis pour la création d'un bot littéraire car ce sont des textes courts et qui sont composés dans une très grande majorité de mots variables : les élèves sont donc capables d'identifier la nature de tous les mots du texte. Le corpus des quatre haïkus choisis se trouvent en annexe 1.
1re étape : Travail collectif sur un haïku
Le professeur demande aux élèves d'apprendre par coeur un haïku puis demande à un élève de venir "pointer" les mots dans le tableau de la grammaire en couleurs :
Un vieil étang
Une grenouille qui plonge,
Le bruit de l'eau.
Ensuite, le professeur projette aux élèves une version du poème où quelques mots ont été effacés et remplacés par la couleur correspondant à leur nature (voir annexe 2). L'enseignant et les élèves recherchent ensemble des mots à écrire à la place des mots effacés. C'est l'occasion de faire un rappel sur genre et nombre, temps et personne. Les élèves ont ainsi un premier aperçu des variables.
2e étape : Travail en groupe
Le même travail est mené sur deux autres poèmes. Les élèves travaillent en groupe à la fois pour identifier la nature de tous les mots des textes (une version plastifiée du tableau est distribuée à chaque groupe pour que les élèves puissent écrire dessus) et pour trouver des mots pour les remplacer.
Les élèves font des propositions qui sont mises en commun dans un tableur, par le professeur et intégrées dans "Tracery". La lecture des différentes propositions permet d'affiner les critères, notamment en ce qui concerne le sens : on se rend compte que, si certains mots sont corrects d'un point de vue grammatical, leur sens ne va pas avec le reste du haïku . Les élèves doivent donc, dans un deuxième temps, refaire des propositions qui respectent les contraintes grammaticales et sémantiques.
3e étape : Évaluation
En évaluation, un des quatre haïkus (qui n'a pas pu être étudié en classe) est proposé aux élèves. Ils doivent tout d'abord souligner chaque mot en fonction de sa nature et proposer d'autres mots de la même nature, du même genre et du même nombre que cinq mots du texte. Les variables ne leur sont pas données, la consigne leur rappelle d'y prêter attention.
Dans le cadre de l'évaluation, pour éviter de mettre en difficulté les élèves, le professeur n'attend pas d'eux que les mots proposés appartiennent au même réseau sémantique que le mot d'origine. L'attention porte sur la nature du mot et le respect du genre et du nombre. Le travail sur le choix et l'acceptabilité du vocabulaire sera mené lors de la correction.
A l'issue de la correction, le professeur regroupe toutes les propositions des élèves.
La séance de correction consiste en la lecture de toutes les propositions. Chaque groupe se voit confier un mot d'origine et doit évaluer la validité des propositions faites. Quand les propositions qui ne respectent pas la nature du mot, son genre ou son nombre sont supprimées ou corrigées, le professeur attire l'attention des élèves sur le sens de ces mots. On cherche alors, en classe entière, de nouvelles propositions pour enrichir le corpus.
4e étape : Mise en ligne du bot
C'est le professeur qui se charge de la mise en ligne du bot. Les élèves ont choisi, parmi les quatre haïkus travaillés, les deux qu'ils voulaient mettre en ligne. Il est en effet possible de proposer plusieurs textes différents à un seul bot. La publication se fait alors en alternance.
Bilan de l'expérimentation
La création du bot a permis de faire le lien entre les textes lus en classe et les séances consacrées à la grammaire en couleurs. C'est une tâche finale motivante et intéressante pour les élèves qui sont obligés de mobiliser leurs connaissances grammaticales et lexicales. Par ailleurs, le travail à partir de variables (nature du mot, genre et nombre)
et l'utilisation du tableau de la grammaire en couleurs reposent sur le même fonctionnement : il s'agit à chaque fois de comprendre que des mots ont les mêmes caractéristiques et peuvent donc se substituer les uns aux autres.
Il faut toutefois faire attention à ne pas vouloir créer trop de variables. Pour le haïku utilisé en évaluation et que les élèves ont voulu publier, il y a parfois une grande différence entre le texte original et les propositions des élèves, en raison du choix du professeur de proposer de remplacer beaucoup de mots dans le contexte de l'évaluation. Ce problème aurait pu être limité par un travail plus approfondi sur le lexique, sur la synonymie et l'antonymie, ce qui a manqué car l'attention a d'abord été focalisée sur la grammaire et l'orthographe.