Le projet consiste en la rédaction d'une page Vikidia par des élèves latinistes de 3e. L'objectif est de développer des compétences de lecture, d'écriture et d'éducation aux médias. Menée en classe de latin, cette séquence est adaptable au cours de français.

Une ressource proposée par Delphine Barbirati

Compétences et objectifs

  • Favoriser une active implication dans un cours optionnel et ainsi favoriser une dynamique d'apprentissage ;
  • Amener les élèves à comprendre les caractéristiques d'un article encyclopédique et ainsi de développer des compétences d'écriture ;
  • Enrichir les savoirs et la culture humaniste des élèves ;
  • Travailler l'éducation aux médias en amenant les élèves à réfléchir à leur identité numérique et aux conséquences de la publication sur Internet, tout en développant des compétences de recherches documentaires.

Modalités de travail

Le travail se fait sous forme de tâche complexe, pendant une séquence de 21 heures, dont 19 sont consacrées à la partie préparatoire.
Les séances se déroulent en salle informatique.

Démarche pédagogique

Séance 1 (1 heure)

La tâche complexe est donnée aux élèves :

« Vous allez devoir écrire un article pour l’encyclopédie en ligne Vikidia ; le sujet de vos articles sera en rapport avec les sciences dans l’Antiquité.

Pour cela, vous allez :

1/ découvrir lesc aractéristiques d'un article d'encyclopédie ;

2/ collecter des informations sur le sujet dont votre groupe a la charge

3/rédiger et mettre en ligne votret ravail»

Dans le cadre d’un travail sous forme de tâche complexe, il est impératif que les élèves aient connaissance immédiatement de la date finale. L’une des compétences visées étant l’autonomie, ils doivent s’organiser pour que tout soit fini en temps et en heure. Ils savent donc qu’aucun délai supplémentaire ne sera accordé.

Les élèves connaissent Wikipédia, mais pas Vikidia. Ils prennent donc conscience qu’ils doivent commencer par découvrir cette encyclopédie. Ce sera ce qui va occuper le reste de la première heure, une mise en commun des réflexions et remarques indispensables.

Séance 2 (1 heure)

Au vidéoprojecteur, un élève prend en note les observations des autres : le but est de mettre en mise en évidence les points communs comme les différences entre les deux encyclopédies, celles que les élèves connaissent (Wikipédia) et celles pour laquelle il vont travailler (Vikidia). Apparaissent alors les différentes stratégies mises en œuvre pour découvrir et comparer ces deux encyclopédies :

  • La majeure partie des élèves a choisi de lire les pages de présentation des deux encyclopédies et de les comparer point par point : par exemple, l’une se dit multilingue, universelle, … alors que l’autre se présente comme une encyclopédie pour les 8-­‐13 ans et n’affiche que 6 langues. Les observations faites concernent donc la philosophie des encyclopédies.
  • Une autre partie de la classe choisit une méthode plus empirique : ils font la même recherche dans chaque encyclopédie et notent leurs observations ; elles vont porter sur les articles : leur longueur, la présence d’un sommaire et d’images, etc.
  • Un seul groupe a eu l’idée de faire à la fois une observation des pages de présentation ET des articles. Leurs observations sont les plus riches, et viennent compléter le travail des autres groupes.

Le bilan que les élèves rédigent ensuite chez eux à partir des observations faites en classe met en évidence les attentes particulières de Vikidia : écrire pour des plus jeunes nécessite de simplifier son savoir et les caractéristiques plus générale d’une encyclopédie en ligne : sommaire, liens hypertextes et image.

Séance 3 (4 heures)

Les élèves recherchent et collectent des informations en lien avec leur sujet. Les heures de recherche se font en salle informatique, mais des ouvrages « papier » sont à leur disposition. Les élèves utilisent beaucoup les différents manuels de 3e (celui en usage dans l’établissement mais aussi des exemplaires personnels mis à leur disposition) et en particulier le chapitre consacré aux sciences et à la médecine.

Les heures de recherche sont régulièrement interrompues par des temps de « synthèse collective » où un groupe présente le fruit de ses recherches, ou expose les difficultés qu’ils rencontrent. C’est aussi l’occasion d’apprendre aux élèves la nécessité de vérifier ses sources. Mais c’est surtout l’occasion de leur apprendre ce que signifie « croiser ses sources », ou ce qu’est une source fiable qui fait autorité.

Ces temps de pause sont indispensables : une heure en salle informatique sans que les élèves soient « recentrés » par un temps collectif risque de voir leur attention baisser.

Séance 4 (4 heures)

Les élèves doivent sélectionner et justifier les informations qui vont être utilisées pour la rédaction de l’article : ce travail d’argumentation (ils doivent justifier leurs choix) sera évalué de manière « chiffrée ». Cette partie du travail est indispensable car elle permet aux élèves de réfléchir aux informations qu’ils doivent garder : ils ne peuvent pas

« éliminer » toutes les notions complexes. Se pose alors la question du « comment rendre simple ce qui est complexe ; ils en arrivent à trois solutions :

  • à l’aide d’une image qui va rendre concrète une notion abstraite (cela va s ‘avérer difficile à réaliser),
  • en reformulant,
  • en utilisant un lien hypertexte « définition ».

Séance 5 (4 heures)

Rédaction des articles. Ceux-­‐ci doivent impérativement être remis au professeur pour vérification de l’expression et de l’orthographe. Aucune autre retouche n’est faite. Si les élèves ont insuffisamment cité leurs sources, si leurs articles sont mal écrits, ce sont les modérateurs de l’encyclopédie qui le leur signifieront. Le retour par d’autres adultes que l’enseignant est très formateur.

Séance 6 (4 heures)

Il faut compter une semaine environ pour corriger les divers articles (qui noteront aussi lieu à une note). Pendant ce temps-­‐là, les élèves travaillent sur un texte de Pline l’Ancien, HistoiresNaturelles, II, 1-­‐6 (texte sur la rotondité de la terre) : quelques questions d’observation pour que les élèves perçoivent qu’il s’agit d’un auteur scientifique

« encyclopédiste » antique, ce qui permet un travail sur le vocabulaire scientifique et sur un point de langue (l’Ablatif Absolu, mais il ne s’agissait que de réinvestir cette notion déjà abordée).

Séance 7 (1 heure)

Les élèves corrigent leurs fautes (je ne les souligne pas : je mets en regard, en marge, une croix pour les fautes d’orthographe ou de grammaire, un MD pour indiquer que la syntaxe n’est pas correcte : à eux de trouver et de corriger ce qui me déplaît dans la phrase, à la ligne indiquée) puis « bac à sable » : sur le site de Vikidia, il est possible de s’entraîner à écrire un article pour comprendre comment on fait un lien hypertexte, comment on insère une image…

D’un groupe à l’autre, les compétences linguistiques et numériques sont variables et les élèves font des « échanges de compétences » : on ne peut pas corriger le travail d’un autre, on peut l’aider (ce qui oblige parfois à formuler une règle de langue). On peut montrer comment insérer un lien parce que les explications fournies par le site ne sont pas suffisamment limpides pour certains, mais on ne peut pas le faire à la place d’un autre.

Séance 8 (1 heure)

C'est le moment de la mise en ligne.

Séance 9 (1 heure)

La dernière heure est l’occasion de faire le bilan : à l’aide du vidéoprojecteur, les articles, y compris dans leur version « bac à sable », sont projetés : à chacun d’abord de commenter son propre travail (autocritique pour les réussites comme les échecs), puis les autres commentent. Le commentaire de l’enseignant, lui, ne sera fait qu’individuellement, lors de la remise de « fiche d’évaluation de compétences ».

Bilan de l'expérimentation

Le bilan est largement positif : les élèves ont été très actifs et enthousiastes. La date butoir imposait un rythme soutenu, dont les élèves ont pris conscience très rapidement, d’autant qu’aucune négociation n’a été possible.

L’un des points les plus positifs est sans contexte la valorisation de tous les élèves et en particulier de ceux qui sont en difficulté. En effet, du fait de sa dyslexie, l’un d’eux a développé des compétences spécifiques pour sélectionner des informations. Contrairement à certains de ses camarades, aux résultats scolaires bien meilleurs, il a immédiatement sélectionné des informations pertinentes. Alors que les autres se noyaient sous les textes et les références, lui opérait immédiatement une sélection efficace. Son article était plus simple, plus clair et donc plus conforme à la contrainte première : « écrire pour des enfants de 8 à 13 ans ».

En outre, cet élève est particulièrement compétent pour les usages du numérique, et lorsque d’autres n’arrivaient pas à comprendre comment créer un lien hypertexte ou insérer une image (le texte d’explication proposé par le site Vikidia est en effet un peu confus), lui, par une méthode plus intuitive (« j’essaye et j’observe ») est parvenu sans difficulté à réaliser ces opérations et s’est vu transformé en « personne ressources » du reste de la classe, celui qu’on appelle parce qu’il sait.

Les élèves ont ainsi compris qu’il n’existe pas une seule bonne réponse pour arriver à la réalisation finale mais différentes méthodes, et parfois l’une sera plus efficace que l’autre. Ils ont également pris conscience que leur personnalité les amenait à choisir un type de solution et qu’il fallait parfois, soit être capable de changer de méthode, soit demander à un autre de l’aide. Cette prise de conscience s’est faite lors d’un des brefs temps de mise en commun: une heure en salle informatique n’est jamais une heure devant les écrans ; un temps de réflexion collective, de cinq à dix minutes environ, est toujours prévu pour recentrer les échanges.

La cohésion du groupe a été renforcée : pour une fois, ces élèves, habitués à la compétition et à la course à la meilleure note, ont pris conscience qu’ensemble ils étaient plus efficaces et que les compétences et les savoirs des uns pouvaient être utiles aux autres.

Le travail sur la langue a été perçu comme un élément rajouté et s’est mal intégré à la séquence. Plusieurs raisons expliquent cet échec :

  • Mauvais choix du texte : un groupe travaillait sur Pline l’Ancien, ils savaient donc que ce texte était une sorte de « texte encyclopédique antique » et la phase d’observation du texte n’a eu aucun intérêt.
  • La leçon de langue n’était que réinvestissement d’une notion déjà abordée et travaillée : là encore, les élèves n’ont pas vu l’intérêt de ce travail puisqu’il n’apportait rien de nouveau en terme de savoir.
  • C’était effectivement une partie « rajoutée » et non pensée avec le reste de la séquence : elle correspondait à une nécessité d’avoir des notes pour le trimestre, d’où une interrogation de vocabulaire et des questions de langue sur un texte.